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Thielemans Pierre

un organiste belge émigré en Bretagne

Pierre Léon Benoît Thielemans est né à Woluwé Saint Pierre le 22 février 1825 et est mort le 3 décembre 1898 à Guingamp, dans les Côtes d’Armor. Son père, organiste des Jésuites à Bruxelles, lui donna sa première formation musicale. Le jeune Pierre entra en 1838, donc à 13 ans, au Conservatoire de Bruxelles où il obtint l’année suivante, dans la classe de Lados, un accessif en solfège ; le 2e prix en 1841 et le 1er prix de lecture musicale en 1842 dans la classe de Van Helmont.

 

Etudes musicales

A partir de 1842, la classe d’orgue fut dirigée par Christian Friedrich Girschner, un organiste né à Spandau, qui fit ses études à Francfort sur l’Oder et débuta comme organiste à Berlin, puis à Dantzig et Iéna, avant de devenir, en 1840, organiste de la chapelle évangélique du Musée à Bruxelles. Il est bien évident que la nationalité de Gischner et son appartenance à la communauté évangélique constituèrent des arguments de poids pour qu’il soit nommé professeur d’orgue par François Joseph Fétis (directeur du Conservatoire) désirant trouver en lui la grande tradition organistique allemande incarnée par Jean Sébastien Bach et que Fétis voulait imposer en Belgique, dans le cadre d’une rénovation entière de la musique liturgique, selon le style dit sévère, par opposition au style mondain et sensualiste français qui prévalait à l’époque.

 

 

Le rapport d’examens pour l’année scolaire de 1842-1843 mentionne que Pierre Thielemans obtint un premier accessit. Sept autres élèves concoururent et l’épreuve publique eut lieu le 28 juillet 1843 en la collégiale Sts Michel & Gudule. Le programme comportait : une fugue de J.S. Bach avec pédale obligée ; un prélude improvisé et enfin, une « Fantaisie » de Girschner, destiné à utiliser les différents jeux de l’instrument et leurs combinaisons. Le concours de l’année scolaire 1843-1844 se déroula sur l’orgue de l’église évangélique (Temple du Musée), nouvellement installé par Bernhard Dreyman, de Mayence, et dont Girschner était titulaire. Il y avait quatre concurrents et le programme se présentait comme suit : prélude et fugue de J.S. Bach ; morceau improvisé et accompagnement de plain-chant à première vue. Thielemans y décrocha un second prix partagé avec Henriette Girschner. Cette même année, il remporta le premier prix d’harmonie.

 

 

En juin 1845, Thielemans, alors âgé de 20 ans, a accompli d’énormes progrès quant au jeu de la pédale. Il avait alors au Conservatoire pour condisciple Jacques-Nicolas Lemmens, âgé de 22 ans qui y était entré en décembre 1844. Au sujet de Lemmens, Girschner écrivit : « Sera un organiste de premier ordre. » Girschner avait vu juste mais ignorait que peu de temps après, Lemmens allait l’évincer. Un autre condisciple de Thielemens fut le jeune Alphonse Mailly, âgé alors de 12 ans et entré en décembre 1845. Le concours eut lieu le 30 juillet 1845 au temple des Augustins. Le programme comportait un prélude et fugue avec pédale obligée de J.S. Bach ; l’accompagnement de plain-chant à première vue ; un morceau improvisé et une basse chiffrée réalisée à première vue. Cette même année 1845, Thielemans partagea ex-aequo avec Lemmens le premier prix de composition musicale dans la classe de Fétis. Thielemans progressa beaucoup entre les années 1846/47 et le rapport d’examen de 1847/48 signale que Thielemans alors âgé de 22 ans, « est bon harmoniste ; a le jeu lié et joue bien le clavier de pédale, mais manque de génie.»

 

 

Finalement, un concours public eut lieu le 24 juillet 1848 au Temple des Augustins. Le programme fut le suivant : une fugue de J.S. Bach ; un morceau improvisé ainsi qu’une réalisation d’une basse chiffrée et enfin l’accompagnement du « Veni Creator ». Thielemans y obtint le premier prix, à l’unanimité. Cependant, Paul Raspé fut surprit qu’aucun des meilleurs élèves de la classe d’orgue de Fétis, à savoir Joseph Batta, Guillaume Meynne et Pierre Thielemans ne devint un véritable organiste. Cette appréciation demande à être nuancée à propos de Thielemans, à partir du moment où nous verrons qu’il quitta la Belgique pour émigrer très vite en Bretagne où il fit carrière.

 

Organiste et compositeur à Bruxelles

Mais voyons d’abord la période bruxelloise des débuts de Thielemans en tant qu’ organiste et compositeur. Une de ses premières oeuvres, la « Messe de Requiem » fut jouée en 1850 à la collégiale Sts Michel & Gudule lors des obsèques de la reine des Belges, Louise, princesse d’Orléans, seconde épouse du roi Léopold Ier.

 

 

En 1854, il vint à Courtrai pour réceptionner le nouvel orgue que Pieter Adam Van Dinter venait de livrer à l’église St Martin ; dans cet office Thielemans côtoya le célèbre musicologue Edouard Grégoir. De 1858 à 1862, Pierre Thielemans exerça comme organiste dans l’église Ste Catherine à Bruxelles, fonction pour laquelle il recevait annuellement 500 francs. Il s’agissait toujours de l’ancienne église, qui sera reconstruite à partir de 1854, et d’un vieil orgue remontant au 17e siècle. Signalons en passant que Thielemans fut révoqué le 28 septembre 1862 « pour négligence continuelle dans son service » On imagine volontiers, que cet orgue antique ne devait guère l’inspirer.

 

Thielemans à Guingamp

En février 1865, le facteur d’orgues belge Hippolyte Loret, acheva la construction d’un nouvel instrument pour la basilique Notre Dame de Bon Secours à Guingamp dans les Côtes d’Armor. A son initiative, l’inauguration fut confiée à un compatriote, notre Pierre Thielemans. Agé alors de 40 ans, il se prit d’amour pour la Bretagne, devint titulaire du nouvel orgue et passa le reste de sa vie à Guingamp où il exerça une activité intense de compositeur, s’inspirant largement du folklore celtique. On peut affirmer qu’il fut breton d’adoption. Il se marie à Guingamp le 18 Juin 1866 avec Anne-Marie Philomène Le Bourhis, de Guingamp, de 21 ans sa cadette.

 

Thielemans et la Bretagne

Page de titre de Michel ColumbPour le Congrès Celtique International qui eut lieu en cette année 1867 à Saint Brieuc, il composa « Les Deux Bretagnes », cantate sur des motifs gallois et bretons. Cela lui valut le nom bardique Tellen Arvor (Harpe d’Armor) Cette même année, fut donné au Théatre de Rennes, son opéra, « Michel Columb ». Il composa une « Cantate à Saint Yves » et plusieurs oratorios. La liste de ses compositions montre à quel point ce Belge comprit la Bretagne à travers sa musique et son histoire.

 

Dérobée de Guingamp

Thielemans est également réputé avoir composé les thèmes de la fameuse “Dérobée de Guingamp”, la dérobée étant une danse napolitaine (tarentelle) rapportée des campagnes d’Italie par les armées napoléoliennes .

 

La dérobée lors de St-Loup 2010, devant la basilique

 

 

Organiste et professeur à Guingamp

Pour l’orgue, retenons ses deux marches nuptiales (1891) . Plusieurs de ses oeuvres musicales furent publiées chez Schott et chez Gallet & Fils à Paris. Thielemans fut aussi l’auteur en 1888, d’oeuvres pédagogiques notamment, « L’Enseignement du Piano rendu facile et agréable » ainsi que « Le Nouveau Traité d’Harmonie fondamentale ».

En plus de tenir les orgues de la basilique à Guingamp, il enseignait la musique à l’Institution Notre-Dame.

 

On connaît plusieurs portraits de Pierre Thielemans, appartenant à une collection particulière. On y découvre un personnage déjà âgé, il a 70 ans, à l’allure discrètement souriante, fière et inspirée posant avec sa fille, vers les années 1895. (Clichés sur plaques de verre), in “Les riches heures de Guingamp” d’Hervé Le Goff – éd.de la Plomée).

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Mort en décembre 1898, Pierre Thielemans fut enterré au cimetière de la Trinité de Guingamp. Son souvenir reste vivace dans la localité puisqu’une rue porte son nom.

 

Jean Pierre Felix & AAPO

 

1 Comment

  1. LE ROUX François

    Il existe une mélodie d’un Pierre Thielemans sur un poème de Jean Philippe extrait du livre Dans les ajoncs et par les grèves (éd. G. Clouzot, Niort, 1909, avec une préface de Gaston Deschamps); intitulée “La Chanson du vent”, éditée en 1924. Y aurait-il un fils à P. Thielemans l’organiste ? Ou bien serait-ce une publication posthume ? La partition est disponible en téléchargement libre du Gallica (Bibliothèque Nationale de France)… Merci pour vos lumières là-dessus !

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