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Callac

Eglise paroissiale Saint-Laurent

Callac # - copieSituée au sud Est du département, Callac est une ville chargée d’histoire : guerre de succession de Bretagne au XIVe siècle, guerre de la Ligue et insurrection contre le papier timbré (“Bonnets rouges”) au XVII° siècle puis haut-lieu de la Résistance pendant la seconde guerre mondiale.

Callac-Wikipedia

L’édifice

L’église St-Laurent de Callac a été construite de 1875 à 1877 dans le style néo-gothique et consacrée le 28 juillet 1892. Ce sanctuaire est orné du blason chevronné de Plusquellec (barons et comtes du Poher et parents des ducs et princes de Bretagne). Les chapiteaux de la nef sont l’oeuvre du sculpteur Elie Le Goff.

source : http://www.infobretagne.com/callac.htm

L’église abrite aussi un remarquable Chemin de Croix, oeuvre de l’artiste brestoise Mlle Cras, soeur du compositeur.

L’instrument :

Petit orgue du début XIX° construit par Ménard & Orange  : à l’origine un  “n°8” du catalogue Cavaillé-Coll mais transformé par la suite.

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2020 : un mystère enfin résolu !

La légende d’une origine Cavaillé-Coll + Soisy-sous-Ettioles pour l’orgue de Callac est définitivement battue en brèche grâce aux précieuse informations livrées par M.Bernard Jehan, fin connaisseur de la facture coutançaise des Ménard-Orange-Laforge. En effet, un certain Gabriel Bourdon, marchand de cycles à Soisy s’est mis en tête au début des années 1920 de reconditionner des orgues à l’aide de tuyaux et pièces éparses “de rencontre” c’est à dire de récupération. C’est un “brocanteur” d’orgues ! C’est ainsi qu’il vend à la cathédrale de Tréguier via le chanoine Lainé ce petit instrument qui a bel et bien une base Ménard mais bien bricolé pour un “Cavaillé-Coll de 6 jeux” !

Ce qui n’empêche nullement l’église Soisy d’abriter un authentique C-C N°8/ Ménard & Orange qui n’a rien à voir avec la ruine callacoise. L’étude de B.Jehan :

Orgue autrefois attribué à Aristide Cavaillé-Coll (1) (2) , peut-être celui construit en 1860 pour l’église de Soisy-sur-Seine (Soisy-sous-Ettioles, Essone). Transféré en la cathédrale de Tréguier comme orgue de choeur en 1935 puis installé à Callac et modifié par le facteur costarmoricien Mack en 1947 (1).

Il s’agit d’un instrument modeste mais au buffet néo-classique très élégant, presque “chamber organ” anglais d’allure.(le buffet actuel n’est sans doute pas l’original de Cavaillé-Coll *). La tuyauterie en est de très belle facture, le sommier paraît être du XVIII° siècle.

* on ne peut cependant s’empêcher de rapprocher le dessin de la base du buffet de Callac (proportions, disposition de la console) de celui du modèle n°8 du catalogue Cavaillé-Coll, modèle de série que soutraitait C-C. modèle n°8 catalogue Cavaillé-Coll

C-Coll n°8

(1) C’est le chanoine Laisné, de la cathédrale St-Tugdual, qui a décidé de vendre ce petit “Cavaillé-Coll” afin de financer les travaux menés sur le grand orgue de la cathédrale par Mack en 1947 puis par Pierre Chéron assisté d’Yves Sévère et Othon Wolf en 1951. (selon Paul Créac’h).

"Tréguier

Nouvelles investigations

2013 : Une séance d’investigation récente a révélé le caractère composite de cet instrument (Le 23 janvier 2013 dans l’après-midi, à l’invitation du curé M.Forget, 3 membres de l’AAPO (B.Le Bail, JM Boone, L.Le Bot) accompagnée de Bernard Hurvy, facteur d’orgue).Investigations

L’orgue actuel se compose d’une base mécanique cohérente (claviers+sommier), sans doute du début du XIX° siècle, qu’un facteur peu regardant a complété par des éléments de provenances diverses et très hétérogènes : tuyauterie, buffet et façade (de tuyaux muets ayant parlé autrefois).

Pour M.Hurvy, “Il pourrait s’agir d’un instrument assemblé de « bric et de broc », à partir Callac_consolede la base d’un petit instrument de facture dite « de transition » (1830-1850), ou de facture apparentée, avec son clavier à l’arrière, son Bourdon et son Cromorne-hautbois originels, orgue qu’on aurait retourné, augmenté d’un pédalier 17 notes en tirasse et doté d’une montre de 4 pieds de provenance étrangère”.

Sommier (laye ouverte)

M.Jean-Marc Cicchero, autre facteur consulté, pense lui qu’il n’y a absolument rien de Cavaillé-Coll dans cet instrument. Il cite le nom du facteur Lelogeais comme hypothèse plausible. Quoiqu’il en soit, il importe à l’association de mener des recherches poussées dans les archives afin d’en savoir plus sur l’histoire sans doute mouvementée de cet orgue.

Détaillons :

  •  le coeur mécanique, de très belle facture, témoigne d’une façon de faire à la fois ancienne (tournée vers le XVIII°s.) et moderne pour l’époque ( transmission en éventail, anti-secousse en prolongement direct du sommier).
  • 3 rangs de tuyaux, de réalisation très soignée peuvent s’apparenter à la façon de faire de Cavaillé-Coll. Il s’agit du bourdon (la partie sur le sommier, à C2),la “voix céleste”, marquée “VdG” (= viole de gambe), démarrant à C2 ainsi que le hautbois, de très intéressante facture : celui-ci commence à F2, la basse est un cromorne relangueyé avec anches à larme (clarinette).
  • les autres jeux (montre, prestant et doublette) sont composés de tuyaux hétéroclites récupérés, dont un dessus de flûte harmonique étroite, disséminé sur ces trois rangs.Anche à larme (clarinette = basse de hautbois)

Anti-secousseRestauration ?

Restauration-reconstitution ( à partir de l’ensemble mécanique+ sommier ainsi que les 3 jeux remarquables) ou bien naissance d’un nouvel instrument avec ré-emploi de parties anciennes (façade et buffet + certains jeux) ? Quelque serait l’option choisie, elle demanderait un gros investissement en temps et en finances.
Pour la 2° option, il conviendrait de conserver indépendamment à titre de témoin de valeur du passé la base mécanique/sommier.

2018 : la lecture du très détaillé rapport de restauration de l’orgue de Clesles, autre “n°8” construit par Ménard & Orange (en particulier l’anti-secousse p12) peut laisser penser que l’instrument callacois aurait été assemblé à l’origine par ces facteurs de Coutances. Ces facteurs sous-traitants, choisis par Cavaillé-Coll, avaient en fait tout loisir de pratiquer leur art à leur façon pourvu que l’enveloppe générale de l’instrument (taille et décor du buffet, nombre de jeux (6 à 8), clavier unique et petit pédalier accroché) soit respectée. Pas étonnant donc que M.Cicchero ne trouve rien de C-Coll à Callac !

Fin octobre 2018, les facteurs Plet et Caill qui ont restauré d’autres exemplaires de ce modèle construits par Orange & Ménard ainsi que JM Cicchero et Jesse Eschbach (spécialiste de Cavaillé-Coll) attestent de la paternité effective de ces facteurs coutançais.

Description actuelle

Etat de l’instrument

Callac : état du placage du clavier (en galatite?)Callac_tuyauterie interne (dont bourdon sans faux-sommier)Orgue abandonné, en très mauvais état et injouable, depuis les années soixante. Déplacé sans précaution depuis dans le transept sud.

Callac_pédalier et son abrégéSpectacle pitoyable de constater l’état actuel de l’instrument alors qu’il était à l’origine un joyau sorti de l’atelier coutançais, maison provinciale mais dont l’excellence du savoir-faire n’a jamais été prise en défaut.

Entretien

Aucun

Acoustique

Type de chauffage

Composition

Callac St-Laurent 
Clavier unique (do1 - fa5)pédalier
: en tirasse (do1 - fa2)
(touches courtes)
Montre 8'
(basses bouchées)
Bourdon 8'
Voix céleste 8'
Prestant 4'Console en fenêtre
Doublette 2'Transmissions mécaniques
Clarinette-hautbois 8'
(coupure do#3 - ré3)
Appel anche

Callac_Tirants D&G sml

Sources documentaires

H. Corbes, «Les orgues du Département des Côtes-du-Nord» (éd. Société d’Emulation des Côtes-du-Nord 1966-1967).

– Recensement des orgues de Bretagne réalisé par l’A.R.C.O.D.A.M. de Bretagne, 1989.

Petits orgues Cavaillé-Coll sous-traités (site Les orgues de l’abbé Clergeau ou l’unité dans la diversité…)

– Le Cavaillé-Coll modèle n°8 de St-Ouen (93), pour comparaison.

Dans les notes du curé Lainé, de Tréguier, nous lisons, pour 1935, le texte suivant :

En Juillet 1935, à la rubrique “Occasions” du journal La Croix, Mr le Curé voit cette annonce : “A vendre un orgue Cavaillé-Coll, 6 jeux, en parfait état. S’adresser à Mr Bourdon, à Soizy-sur-Seine (Seine et Oise)”.

Aussitôt, Mr le Curé demande des renseignements à Mr Bourdon sur cet orgue ; une longue correspondance s’ensuit ; Dom Chauvin, prieur de La Source, va voir l’instrument et renseigne Mr le Curé, qui se rend lui-même à Soizy. Enfin le marché est conclu, pour 15 000 francs. Et l’orgue arrive par transport rapide ; Mr Bourdon, artisan, et son ouvrier viennent à Tréguier et l’orgue est monté sur l’estrade de la chorale ; le ventilateur électrique est posé derrière.

L’harmonium de la cathédrale est cédé, sur son désir, à Mr le Recteur de Plouguiel pour 1800 francs. La cathédrale acquiert donc à très bon compte un instrument de musique en parfait état.

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